Pendant deux semaines, Garance et sa coéquipière Jade ont traversé l’Espagne et le désert marocain à bord d’une mythique 4L. Une aventure humaine, mécanique et logistique hors du commun, qu’elles ont préparée pendant 2 ans. Entre galères, rencontres et dépassement de soi, retour sur une expérience inoubliable.
Qu’est-ce qui t’a motivé à faire le 4L Trophy ? Pourquoi cette année ?
De base, c’était mon idée. J’avais des amis qui avaient déjà participé et j’avais adoré leurs retours d’expérience. Je me suis dit : pourquoi pas me lancer dans cette aventure folle, même si je n’y connaissais absolument rien en mécanique automobile.
Le plus compliqué, c’était de trouver un ou une coéquipière. Parce que ça demande un vrai engagement : sur la voiture, sur la recherche de sponsors, la création d’une association… Et puis, il faut passer deux semaines dans une voiture avec cette personne. Finalement, Jade, ma coéquipière, m’a dit "oui" sans hésiter. Elle m’a confié que sans moi, elle ne se serait jamais lancée. Aucun regret, c’était trop bien.
Comment vous êtes-vous organisées pour la voiture, les travaux mécaniques, les sponsors ?
On a acheté la 4L en 2022. C’est moi qui l’ai achetée, mais c’est mon beau-père qui s’est occupé de toute la partie mécanique. Il est très à l’aise là-dedans, et il était content de revenir à une mécanique plus simple. On est repartis sur des pièces neuves pour avoir une voiture fiable.
Côté sponsoring, Jade a pris en charge toute la partie communication. On a démarché les entreprises locales, nos écoles, nos entreprises… C’était important, car au-delà de l’aventure, il y a l’aspect solidaire et humanitaire : ce qu’on amène là-bas, c’est pour les jeunes.
Le projet en lui-même, de l’achat de la voiture jusqu’à la participation, ça s’est étalé sur presque deux ans. On a réellement bossé pendant un an, mais c’était une vraie gestion de projet du début à la fin. Hyper valorisant.
À quel moment vous avez su que vous étiez prêtes à partir ?
Franchement ? Jusqu’au dernier moment, on n’était jamais sûres à 100 %. On se disait "il nous reste ça, ça, ça à faire"… et on repoussait. Finalement, dans les deux dernières semaines, on a fini par se rendre compte qu’il ne restait que des détails.
Mais le vrai moment où on a su qu’on partait, c’est à Biarritz. Quand on a passé le contrôle technique et qu’on nous a dit "c’est bon, votre 4L peut partir". Avant ça, il y a toujours ce stress que le châssis ne soit pas validé ou qu’il manque quelque chose.
Et une fois à Biarritz, la course démarre tout de suite ?
Non, on a deux jours de vérifications techniques, pour faire passer plus de 1 000 4L. Le vrai départ est donné ensuite sous l’Arche. Et là, c’est parti : on traverse toute l’Espagne, puis on prend le bateau pour le Maroc.
Comment s’est passée la course ? Des galères mécaniques ?
On a eu énormément de chance. La 4L était bien préparée, zéro panne majeure. Juste une batterie HS, mais on avait une de secours. Pas besoin d’intervention des mécanos du 4L Trophy.
En fait, la voiture a tenu tout le long. C’est seulement en rentrant qu’on a eu quelques soucis : la clé bloquée dans le Neiman, impossible de couper le moteur autrement qu’en calant et en débranchant la batterie à la main.
Des moments de stress ou marquants pendant la course ?
Pas de vrai stress. Peut-être au début des pistes, quand on quitte la route et qu’on se retrouve au milieu de nulle part, avec juste une boussole et un roadbook. Mais on a toujours été bien encadrés.
Chaque jour était mémorable : rouler dans le désert, les pique-niques improvisés, les douches communes, les apéros… C’était une grande aventure humaine. On s’est enlisés parfois, et on était à dix pour sortir une voiture du sable. Une vraie coloc’ sur roues.
Comment l’organisation logistique était-elle prévue sur place ?
Tout est compris dans l’inscription. On emmène notre tente, certains dorment dans leur 4L aménagée. Les camps de vie sont organisés par le staff, on pose notre tente là où il y a de la place. On a les petits-déjeuners et dîners fournis. Pour le reste, on gère en autonomie avec notre réchaud.
Et la fin de l’aventure ?
Avant d’arriver à Marrakech, on a deux jours en totale autonomie. On roule avec nos jerrycans, on dort dans la nature, on fait un feu de camp. On est suivis grâce à des balises GPS.
Puis on arrive à Marrakech, sous l’Arche, sur un circuit de course. C’était magnifique. Les gens qui nous acclament, notre satisfaction d’avoir réussi… C’était très émouvant.
On a fini 137e sur 1003 équipages, et 17e sur 167 en catégorie féminine. On ne s’y attendait pas du tout, mais on était trop contentes.
Et le retour ?
On a eu deux nuits à l’hôtel à Marrakech, un grand repas de clôture. Ensuite, on a repris la route : Marrakech → Algeciras → toute l’Espagne en une journée (1200 km, 15h de route). Très intense.
On est repassées par Biarritz, puis on est rentrées. Beaucoup d’émotions. Revenir au point de départ, avec tout ce qu’on avait vécu… c’était très fort. Même sur l’autoroute, on voyait encore des 4L, on se klaxonnait.
Et on avait du sable absolument partout dans la voiture !
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer ?
Prendre son temps. Ne pas tout faire au dernier moment. Il faut vraiment prévoir au moins un an de préparation : entre la création d’une asso, le dossier, la voiture…
Parfois, mieux vaut repousser son inscription d’un an pour faire les choses bien. Mais je recommande à 100 % cette aventure. Elle change vraiment la manière de voir les choses.
Et attention : le "rallye blues", ça existe vraiment. Après l’aventure, le retour à la réalité est un peu dur. On quitte quelque chose de très fort.
Envie de recommencer ?
Refaire le 4L Trophy ? Non. Pour moi, c’est un one-shot. On a eu une super expérience, sans galères, on ne veut pas tenter le sort. Mais faire une autre course, oui. On pense à l’Europe Raid, où on traverse l’Europe de l’Est à trois dans une 205.