📍 IFAG Lille : Sensibiliser et accompagner Ă  la DiffĂ©rence – avec Joachim Levy

Campus IFAG Lille
28.01.2025

Le vendredi 6 dĂ©cembre 2024 – Campus CompĂ©tences & DĂ©veloppement – Lille

A l’occasion de la Semaine EuropĂ©enne pour l’Emploi des Personnes HandicapĂ©es, Joachim Levy est intervenu auprĂšs de notre classe de BTS GPME2. Il a acceptĂ© de revenir sur le campus, cette fois-ci pour revenir sur son intervention et nous parler de son entreprise, de son accompagnement et de la sensibilisation au handicap.

Bonjour Joachim, est-ce que tu peux te présenter et nous parler de ton parcours ?

Je suis quelqu’un avec des valeurs fortes : l’authenticitĂ©, la cohĂ©rence, la rĂ©silience, et l’entrepreneuriat dans le sens de passer Ă  l’action, d’ĂȘtre proactif. Tout cela a guidĂ© mon parcours professionnel. J’ai commencĂ© des Ă©tudes de lettres Ă  Grenoble, puis j’ai passĂ© le CAPES pour devenir professeur de français. Le fil conducteur de mon parcours professionnel, c’est le besoin d’accompagnement de l’humain et le besoin de libertĂ©, que je ne retrouvais pas dans l’Éducation nationale. J’ai dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  Lille et me suis reconverti en tant que conseiller en insertion professionnelle. Mais il n’y avait pas encore assez d’outils pour accompagner efficacement. Donc, je me suis formĂ© au coaching professionnel et j’ai crĂ©Ă© mon entreprise, « Ose Ton IdĂ©al Coaching », en 2023.

À mes dĂ©buts, je ne savais pas vraiment vers qui je voulais m'adresser spĂ©cifiquement. De ce fait, je prospectais auprĂšs de toutes les typologies de publics. Cependant, Ă  vouloir accompagner tout le monde, je n’accompagnais personne. Je me suis demandĂ© qui je voulais vraiment accompagner et quelle partie de moi j’avais envie de mettre dans mon entreprise. C’est comme cela que j’en suis venu Ă  accompagner la DiffĂ©rence, avec un « D » majuscule.

Depuis mars 2024, les gens s’intĂ©ressent et se passionnent pour ce que je fais. J’accompagne des entrepreneurs, je reçois beaucoup de soutien. Finalement, tout a dĂ©collĂ© quand j’ai commencĂ© Ă  parler de ce que j’aime et quand je me suis aperçu que les personnes pouvaient s’identifier Ă  tout ou partie de ce que j'ai pu vivre. Je n’ai pas envie de centrer mon activitĂ© uniquement sur le handicap : j’accompagne les DiffĂ©rences, Ă  360 degrĂ©s.

Cela montre qu’il y a de plus en plus de personnes qui se tournent vers cet accompagnement Ă  la DiffĂ©rence, comme tu dis, et Ă  l’inclusion.

Oui, on en parle de plus en plus dans les mĂ©dias, que ce soit l’inclusion, la diversitĂ© ou le bien-ĂȘtre au travail. On voit passer des informations sur les rĂ©seaux sociaux ou Ă  la tĂ©lĂ©vision. Je suis un interlocuteur de proximitĂ© : je porte Ă  la fois la casquette d’expert et celle de tĂ©moin. On m’a posĂ© rĂ©cemment la question : « Est-ce que tu n’as pas peur de ratisser trop large ? » En plus des 26 critĂšres de discrimination reconnus, j'inclus en plus, dans la diffĂ©rence, un parcours de vie : tu peux avoir eu une maladie ou ĂȘtre sorti de prison et en faire une opportunitĂ©. Le parti que j’ai pris, c’est justement d’avoir un niveau de connaissance intermĂ©diaire dans chaque thĂ©matique, parce que je n’ai pas envie de cloisonnement.

Dans les Différences, il y a des choses qui sont transférables : le rejet, la discrimination, la résilience, les complexes
 Tout cela, je le porte avec ma casquette liée au handicap, mais je vais au-delà du simple critÚre de discrimination. Je vais plus en profondeur pour créer des liens.

Quand tu interviens auprĂšs d’un public d’étudiants, par exemple pour les sensibiliser aux diffĂ©rences, tu le fais Ă  travers un jeu. Pour toi, c’est quoi l’avantage de cette approche ludique ?

Il existe dĂ©jĂ  des jeux oĂč l’on peut discuter du handicap, mais qu’en retient-on vraiment ? Peut-ĂȘtre avoir passĂ© un bon moment et obtenu quelques rĂ©ponses, certainement. Mon approche est de permettre aux participants de discuter, de rĂ©pondre aux questions, de casser des idĂ©es reçues, de libĂ©rer leur parole, tout cela autour d’un jeu fĂ©dĂ©rateur. À la fin, chaque participant est amenĂ© Ă  s’engager personnellement sur une action inclusive qu’il a envie de mettre en Ɠuvre. Non seulement s’engager, mais Ă©galement le formuler devant le groupe. Bien sĂ»r, il reste libre de le faire ou non, mais cela donne un ancrage et surtout, un objectif personnalisĂ©.

Tout au long du jeu, l’idĂ©e est vraiment de favoriser les Ă©changes, d’amener chacun Ă  parler de ses expĂ©riences par rapport aux DiffĂ©rences, par le biais, Ă  chaque fois, d’une thĂ©matique inclusive.

Est-ce que tu as eu des retours d’étudiants pendant ou aprĂšs ton intervention ?

J’ai eu beaucoup de retours positifs ! L’approche ludique a beaucoup plu. Certains Ă©tudiants m’ont dit qu’ils avaient apprĂ©ciĂ© de se sentir Ă©coutĂ©s. J’ai perçu une relation de confiance se dĂ©velopper avec eux pendant l’intervention.

Sur l’aspect des connaissances pures, on a parlĂ© des missions de la mĂ©decine du travail ou de l’AGEFIPH (n.d.l.r : Association nationale de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapĂ©es). Tout cela, les Ă©tudiants ne le connaissent pas forcĂ©ment, et c’est important car il faut savoir vers quels interlocuteurs se tourner. Apprendre Ă  parler du handicap est Ă©galement essentiel, notamment lors des entretiens de recrutement. Enfin, apprendre Ă  s’ouvrir aux autres en trois heures de session n’est pas le plus simple, mais on y est parvenu et c’est super !

Selon toi, quel rĂŽle les centres de formation, comme l’IFAG, ont Ă  jouer pour rĂ©duire la discrimination et promouvoir l’inclusion ?

À mon sens, c’est une trĂšs bonne chose d’organiser une intervention lors de la Semaine europĂ©enne pour l’emploi des personnes handicapĂ©es, mais cela ne doit pas ĂȘtre un « one-shot Â». Tout au long de l’annĂ©e, les Ă©tudiants doivent prendre conscience qu’il existe des ressources Ă  leur disposition, notamment le rĂ©fĂ©rent ou la rĂ©fĂ©rente handicap, qui doit ĂȘtre une personne-ressource pour eux. Ils doivent se sentir libres de venir parler de discrimination, de DiffĂ©rence ou de handicap.

Ces actions de sensibilisation peuvent prendre diffĂ©rentes formes : petits-dĂ©jeuners, cafĂ©-dĂ©bats, interventions d’associations. On peut aussi proposer des questionnaires aux Ă©tudiants pour connaĂźtre leur niveau de connaissances et leurs besoins d’informations sur ces sujets.

Merci beaucoup Joachim, pour cet Ă©change. Avant de terminer, est-ce que tu voudrais recommander ou mettre en avant du contenu en lien avec ta thĂ©matique ou des personnes qui t’inspirent ?

Si je devais mettre en avant du contenu, je citerais des comptes LinkedIn que je suis, experts sur le handicap et l’inclusion : Vivien Laplane et Virginie Delalande. Je mentionnerais Ă©galement Boris Cyrulnik, un expert de la rĂ©silience que j’apprĂ©cie beaucoup.