Le vendredi 6 dĂ©cembre 2024 â Campus CompĂ©tences & DĂ©veloppement â Lille
A lâoccasion de la Semaine EuropĂ©enne pour lâEmploi des Personnes HandicapĂ©es, Joachim Levy est intervenu auprĂšs de notre classe de BTS GPME2. Il a acceptĂ© de revenir sur le campus, cette fois-ci pour revenir sur son intervention et nous parler de son entreprise, de son accompagnement et de la sensibilisation au handicap.
Bonjour Joachim, est-ce que tu peux te présenter et nous parler de ton parcours ?
Je suis quelquâun avec des valeurs fortes : lâauthenticitĂ©, la cohĂ©rence, la rĂ©silience, et lâentrepreneuriat dans le sens de passer Ă lâaction, dâĂȘtre proactif. Tout cela a guidĂ© mon parcours professionnel. Jâai commencĂ© des Ă©tudes de lettres Ă Grenoble, puis jâai passĂ© le CAPES pour devenir professeur de français. Le fil conducteur de mon parcours professionnel, câest le besoin dâaccompagnement de lâhumain et le besoin de libertĂ©, que je ne retrouvais pas dans lâĂducation nationale. Jâai dĂ©mĂ©nagĂ© Ă Lille et me suis reconverti en tant que conseiller en insertion professionnelle. Mais il nây avait pas encore assez dâoutils pour accompagner efficacement. Donc, je me suis formĂ© au coaching professionnel et jâai crĂ©Ă© mon entreprise, « Ose Ton IdĂ©al Coaching », en 2023.
Ă mes dĂ©buts, je ne savais pas vraiment vers qui je voulais m'adresser spĂ©cifiquement. De ce fait, je prospectais auprĂšs de toutes les typologies de publics. Cependant, Ă vouloir accompagner tout le monde, je nâaccompagnais personne. Je me suis demandĂ© qui je voulais vraiment accompagner et quelle partie de moi jâavais envie de mettre dans mon entreprise. Câest comme cela que jâen suis venu Ă accompagner la DiffĂ©rence, avec un « D » majuscule.
Depuis mars 2024, les gens sâintĂ©ressent et se passionnent pour ce que je fais. Jâaccompagne des entrepreneurs, je reçois beaucoup de soutien. Finalement, tout a dĂ©collĂ© quand jâai commencĂ© Ă parler de ce que jâaime et quand je me suis aperçu que les personnes pouvaient sâidentifier Ă tout ou partie de ce que j'ai pu vivre. Je nâai pas envie de centrer mon activitĂ© uniquement sur le handicap : jâaccompagne les DiffĂ©rences, Ă 360 degrĂ©s.
Cela montre quâil y a de plus en plus de personnes qui se tournent vers cet accompagnement Ă la DiffĂ©rence, comme tu dis, et Ă lâinclusion.
Oui, on en parle de plus en plus dans les mĂ©dias, que ce soit lâinclusion, la diversitĂ© ou le bien-ĂȘtre au travail. On voit passer des informations sur les rĂ©seaux sociaux ou Ă la tĂ©lĂ©vision. Je suis un interlocuteur de proximitĂ© : je porte Ă la fois la casquette dâexpert et celle de tĂ©moin. On mâa posĂ© rĂ©cemment la question : « Est-ce que tu nâas pas peur de ratisser trop large ? » En plus des 26 critĂšres de discrimination reconnus, j'inclus en plus, dans la diffĂ©rence, un parcours de vie : tu peux avoir eu une maladie ou ĂȘtre sorti de prison et en faire une opportunitĂ©. Le parti que jâai pris, câest justement dâavoir un niveau de connaissance intermĂ©diaire dans chaque thĂ©matique, parce que je nâai pas envie de cloisonnement.
Dans les Différences, il y a des choses qui sont transférables : le rejet, la discrimination, la résilience, les complexes⊠Tout cela, je le porte avec ma casquette liée au handicap, mais je vais au-delà du simple critÚre de discrimination. Je vais plus en profondeur pour créer des liens.
Quand tu interviens auprĂšs dâun public dâĂ©tudiants, par exemple pour les sensibiliser aux diffĂ©rences, tu le fais Ă travers un jeu. Pour toi, câest quoi lâavantage de cette approche ludique ?
Il existe dĂ©jĂ des jeux oĂč lâon peut discuter du handicap, mais quâen retient-on vraiment ? Peut-ĂȘtre avoir passĂ© un bon moment et obtenu quelques rĂ©ponses, certainement. Mon approche est de permettre aux participants de discuter, de rĂ©pondre aux questions, de casser des idĂ©es reçues, de libĂ©rer leur parole, tout cela autour dâun jeu fĂ©dĂ©rateur. Ă la fin, chaque participant est amenĂ© Ă sâengager personnellement sur une action inclusive quâil a envie de mettre en Ćuvre. Non seulement sâengager, mais Ă©galement le formuler devant le groupe. Bien sĂ»r, il reste libre de le faire ou non, mais cela donne un ancrage et surtout, un objectif personnalisĂ©.
Tout au long du jeu, lâidĂ©e est vraiment de favoriser les Ă©changes, dâamener chacun Ă parler de ses expĂ©riences par rapport aux DiffĂ©rences, par le biais, Ă chaque fois, dâune thĂ©matique inclusive.
Est-ce que tu as eu des retours dâĂ©tudiants pendant ou aprĂšs ton intervention ?
Jâai eu beaucoup de retours positifs ! Lâapproche ludique a beaucoup plu. Certains Ă©tudiants mâont dit quâils avaient apprĂ©ciĂ© de se sentir Ă©coutĂ©s. Jâai perçu une relation de confiance se dĂ©velopper avec eux pendant lâintervention.
Sur lâaspect des connaissances pures, on a parlĂ© des missions de la mĂ©decine du travail ou de lâAGEFIPH (n.d.l.r : Association nationale de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapĂ©es). Tout cela, les Ă©tudiants ne le connaissent pas forcĂ©ment, et câest important car il faut savoir vers quels interlocuteurs se tourner. Apprendre Ă parler du handicap est Ă©galement essentiel, notamment lors des entretiens de recrutement. Enfin, apprendre Ă sâouvrir aux autres en trois heures de session nâest pas le plus simple, mais on y est parvenu et câest super !
Selon toi, quel rĂŽle les centres de formation, comme lâIFAG, ont Ă jouer pour rĂ©duire la discrimination et promouvoir lâinclusion ?
Ă mon sens, câest une trĂšs bonne chose dâorganiser une intervention lors de la Semaine europĂ©enne pour lâemploi des personnes handicapĂ©es, mais cela ne doit pas ĂȘtre un « one-shot ». Tout au long de lâannĂ©e, les Ă©tudiants doivent prendre conscience quâil existe des ressources Ă leur disposition, notamment le rĂ©fĂ©rent ou la rĂ©fĂ©rente handicap, qui doit ĂȘtre une personne-ressource pour eux. Ils doivent se sentir libres de venir parler de discrimination, de DiffĂ©rence ou de handicap.
Ces actions de sensibilisation peuvent prendre diffĂ©rentes formes : petits-dĂ©jeuners, cafĂ©-dĂ©bats, interventions dâassociations. On peut aussi proposer des questionnaires aux Ă©tudiants pour connaĂźtre leur niveau de connaissances et leurs besoins dâinformations sur ces sujets.
Merci beaucoup Joachim, pour cet Ă©change. Avant de terminer, est-ce que tu voudrais recommander ou mettre en avant du contenu en lien avec ta thĂ©matique ou des personnes qui tâinspirent ?
Si je devais mettre en avant du contenu, je citerais des comptes LinkedIn que je suis, experts sur le handicap et lâinclusion : Vivien Laplane et Virginie Delalande. Je mentionnerais Ă©galement Boris Cyrulnik, un expert de la rĂ©silience que jâapprĂ©cie beaucoup.